"Certains élèves n'ont jamais vu un manuel !"

Publié le 23 Août 2007

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Deux syndicats d’enseignants au Congo et en République Démocratique du Congo (RDC) sont partenaires de la rentrée solidaire 2007.
Interviews croisées de leurs Secrétaires généraux respectifs : Edouard Nzino et Désiré Bompuku Esinga.  

Pouvez nous présenter votre syndicat ?
 
Edouard Nzino (Fédération des Travailleurs de la Science, des Sports, de l’Enseignement, de l’Information et de la Culture - FETRASSEIC - Congo)
 La Fetrasseic regroupe cinq branches professionnelles, mais c’est le secteur de l’enseignement qui est le plus dynamique.
Nous sommes passés d’un syndicat unique avec des adhésions quasi-obligatoires jusqu’en 1990 et 33 000 adhérents à un syndicat moins important (11 750 adhérents) aujourd’hui mais dans un contexte de pluralisme politique et syndical.
Notre syndicat, partenaire de l’UNSA Education (1) en France, défend bien sûr les intérêts des enseignants mais a également créé une mutuelle avec le soutien de la MGEN.
 
Désiré Bompuku Esinga (Fédération Nationale des Enseignants du Congo - FENECO - RDC)
La FENECO est l’un des 15 syndicats qui composent l’Union des Travailleurs du Congo. Nous sommes représentés dans toutes les provinces avec 40 000 adhérents enseignants et personnels de l’Education primaire, secondaire et professionnelle.
 
Quelle est la situation de l’éducation dans votre pays ?
 
Edouard Nzino (FETRASSEIC – Congo)
Elle est malheureusement identique à la situation de toute l’Afrique subsaharienne (2).
C’est dans les centres-villes que la situation est la meilleure. Comme souvent, ce sont les parents d’élèves qui contribuent énormément au système par des cotisations via notamment l’association des Parents d’Elèves et Etudiants du Congo (APEEC) (3).
 
Désiré Bompuku Esinga (FENECO - RDC)
Les conséquences de la pauvreté sont terribles sur l’enseignement. La condition de nos enseignants n’est pas bonne : ils sont très mal payés et n’arrivent pas à faire vivre leur famille.
Les écoles publiques sont dans un état de délabrement inquiétant surtout dans les campagnes.
Il y a beaucoup d’abandons scolaires, car les parents doivent payer une contribution (les frais de scolarité) élevée, de 50 dollars par trimestre.
Le manque de matériel didactique de base est criant malgré les aides ponctuelles de l’UNICEF et de l’UNESCO. Certains élèves terminent leur cycle primaire sans avoir vu un manuel !
 
Qu’attendez-vous de l’opération “Un cahier, un crayon” ?
 
Edouard Nzino (FETRASSEIC – Congo)
C’est une opération qui ouvre des horizons porteurs d’espoir, parce qu’elle vise à coup sûr le renforcement des capacités d’amélioration du système éducatif des deux Congos.
Cela vient combler les manquements des pouvoirs publics, cela va soulager certains parents d’élèves.
Ce sera une bouffée d’oxygène pour une éducation de meilleure qualité. Pour nous syndicat, c’est une sorte de clin d’œil adressé aux enseignants qui devrait les motiver et dans le même temps attirer l’attention du gouvernement.
C’est pour lui une sonnette d’alarme par une action visible, crédible, cela peut stimuler une volonté politique trop absente sur cette question.
 
Désiré Bompuku Esinga (FENECO - RDC)
 Face à un gouvernement défaillant sur cette question et qui ne consacre qu’une part minime de son budget à l’Education, cela sera d’abord bénéfique pour les élèves, si l’on arrive à bien distribuer le matériel. 

(1) Organisation membre de Solidarité Laïque
(2) Les taux bruts de scolarisation en primaire sont de 39 % au Congo et 64 % en RDC.
(3) L’APEEC est partenaire de l’opération « Un cahier, un crayon » 2007 en lien avec la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE) en France.

Rédigé par Un cahier, un crayon

Publié dans #"Un cahier - un crayon" 2007

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